La cybersécurité industrielle n’est plus une option. Face à l’augmentation des cybermenaces, chaque industrie doit bâtir une architecture adaptée à ses systèmes OT. Une stratégie efficace repose sur une analyse fine des flux, des actifs et des risques. Cet article vous guide pour concevoir une architecture de cybersécurité industrielle robuste, évolutive et conforme aux normes de 2025.
Les systèmes industriels (OT) sont devenus des cibles prioritaires. Leur connectivité croissante les expose à de nouveaux risques. Autrefois isolés, ils sont aujourd’hui interconnectés avec les réseaux IT. Cette convergence crée de nouvelles failles exploitables.
Les cybercriminels exploitent des vulnérabilités propres aux environnements industriels, que ce soient les protocoles non chiffrés, l’absence de segmentation réseau, l’obsolescence matérielle : le terrain est favorable. Le rapport de l’ANSSI de 2024 note une hausse de 57 % des incidents OT en un an.
Les attaques par ransomware ciblent les systèmes SCADA, les automates (PLC) et les interfaces HMI. Certaines campagnes, comme TRITON, visent même les automatismes de sécurité. Le but est clair : arrêter la production ou provoquer des dommages physiques.
Les conséquences d’une cyberattaque OT sont multiples. Une usine paralysée entraîne des pertes financières importantes. En 2023, l’attaque contre un site pétrolier européen a entraîné deux semaines de perturbation logistique.
Certaines intrusions peuvent mettre en danger la vie humaine. L’altération des données de capteurs ou d’actionneurs peut provoquer des accidents industriels. L’environnement peut également être affecté : fuites chimiques, surcharges, interruptions de systèmes critiques.
La disponibilité devient alors la priorité absolue. Les organisations doivent s’assurer que leurs infrastructures peuvent résister, se défendre et redémarrer rapidement.
L’application directe des méthodes IT à l’OT est risquée. Les contraintes opérationnelles sont très différentes. L’OT exige une disponibilité constante et tolère très mal les interruptions.
Les mises à jour automatiques ou les antivirus classiques ne sont souvent pas compatibles avec des équipements anciens, voire propriétaires. Certains systèmes critiques ne peuvent être redémarrés qu’après validation d’un cycle de production, rendant toute intervention intrusive dangereuse.
De plus, la cybersécurité OT doit composer avec des protocoles temps réel et des interfaces spécifiques. Les solutions IT classiques n’ont ni la granularité, ni la connaissance des contextes industriels nécessaires.
Enfin, l’absence d’agents logiciels sur les équipements OT empêche l’utilisation d’outils de supervision IT classiques. Dans les environnements IT, ces agents permettent généralement :
Mais dans l’OT, leur déploiement est souvent impossible parce que les équipements :
Il faut donc recourir à des technologies sans agent tels qu’une sonde IDS : elles utilisent l’analyse passive des flux réseau pour détecter les anomalies, sans modifier ni solliciter directement les équipements. Cette solution offre une visibilité adaptée sans compromettre la stabilité opérationnelle.
Avant d’implémenter des solutions de cybersécurité, la connaissance de l’architecture présente sur site est primordiale. Cela passe par une cartographie des actifs OT pour identifier tous les équipements connectés : automates, IHM, capteurs, systèmes SCADA, réseaux de terrain.
L’évaluation de cybersécurité doit inclure l’analyse des configurations, des protocoles utilisés et des vulnérabilités connues. Intégrez également les dépendances physiques, logiques et humaines.
Classez les actifs par degré de criticité. Analysez les flux réels, pas seulement la documentation. Utilisez des outils d’analyse passive pour ne pas perturber les systèmes en production.
Cette visibilité est cruciale pour comprendre les points faibles, les interdépendances et définir les priorités de sécurisation. Sans inventaire fiable, aucune stratégie de protection ne peut être cohérente.
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L’approche par zones et conduits issue de l’IEC 62443 consiste à segmenter le réseau industriel en zones fonctionnelles.
Chaque zone regroupe des équipements ayant les mêmes besoins de sécurité. Les conduits sont les chemins de communication entre les zones. Ils doivent être sécurisés et filtrés.
A titre d’exemple, une zone "supervision" peut être isolée de la zone "automates". Les transferts de données passent alors par un conduit contrôlé par un pare-feu ainsi que de l’inspection protocolaire.
Cette méthode limite la propagation latérale des attaques et permet un confinement efficace en cas d’incident.
Pour sécuriser efficacement une architecture OT, il faut choisir des technologies compatibles avec les contraintes industrielles.
Les pares-feux industriels sont essentiels pour filtrer le trafic au sein du réseau OT. Contrairement aux pares-feux IT classiques, ils intègrent les protocoles industriels (Modbus, DNP3, OPC-UA…) et permettent de filtrer au niveau applicatif.
Le DPI (Deep Packet Inspection) est une brique clé. Il permet de lire le contenu des trames industrielles, de détecter des commandes malveillantes ou non conformes, sans perturber le trafic temps réel. Le DPI est particulièrement utile pour identifier les déviations de comportement dans les systèmes SCADA.
Les sondes IDS/IPS industriels analysent le trafic réseau à la recherche de comportements anormaux, tout en tenant compte des spécificités OT. Certains IDS utilisent des bases de signatures OT, d'autres se basent sur l’analyse comportementale.
Les agents passifs peuvent également jouer un rôle essentiel. Placés sur des ports en miroir (SPAN) ou via des TAP réseaux, ils collectent les données sans perturber le trafic OT. Ces agents sont capables de détecter de nouveaux actifs, d’observer les flux et de repérer les changements de configuration.
Toutes ces technologies doivent s’inscrire dans une architecture à la fois redondante, résiliente et supervisée en temps réel. Le choix de ces outils ne doit pas se faire indépendamment, mais en cohérence avec l’inventaire des actifs, les flux critiques et le niveau de maturité cybersécurité de l’organisation.
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Une bonne architecture inclut un plan de continuité des activités. En cas d’attaque, vous devez pouvoir redémarrer en sécurité.
Ce plan repose sur plusieurs piliers :
La réponse aux incidents doit être organisée : équipes définies, rôles assignés, outils d’analyse prêts à l’emploi. La mise en place d’un SOC (Security Operation Center) dédié à l’OT, même externalisé, constitue un atout majeur.
Testez régulièrement vos dispositifs via des exercices de crise. Entraînez vos équipes à réagir face à un ransomware ou à une compromission de SCADA. Sans tests, le plan reste théorique.
Cette norme est spécifiquement conçue pour les environnements industriels. Elle propose une stratégie par niveaux de sécurité (SL - Security Levels).
Elle impose des exigences pour les composants (automates, logiciels) et les systèmes entiers. Elle recommande aussi la démarche par zones et conduits, et définit des rôles clairs entre exploitants, fournisseurs et intégrateurs.
L’IEC 62443 est indispensable pour toute entreprise cherchant à structurer durablement sa cybersécurité OT.
Cette norme IT est complémentaire à l’IEC 62443. Elle définit un Système de Management de la Sécurité de l’Information (SMSI).
Elle impose une analyse de risques, la définition de politiques, et des audits internes réguliers. Appliquée à l’OT, elle permet d’intégrer la cybersécurité dans la gouvernance globale de l’entreprise.
La directive NIS2 renforce les obligations des secteurs critiques : énergie, industrie, transport, etc. Elle impose une notification rapide des incidents et une analyse de risque régulière.
Le RGPD concerne les données personnelles, y compris celles issues de capteurs connectés à l’OT. Il faut assurer leur protection et leur traçabilité. En 2024, plusieurs sites industriels ont été condamnés pour absence de mesures techniques suffisantes.
Cette approche prévoit la sécurité dès le développement des systèmes industriels. Cela signifie : protocoles sécurisés, accès limités, mise à jour possible, journalisation native.
Elle s’applique aussi aux projets d’intégration ou de migration. Intégrer la sécurité tôt permet de réduire les coûts de rétro-ingénierie et de réduire la surface d’attaque.
Concevoir une architecture de cybersécurité industrielle ne s’improvise pas. Elle doit s’appuyer sur une méthodologie rigoureuse, des technologies adaptées et un respect strict des normes.
Face aux enjeux de cybersécurité OT et aux risques industriels croissants, il est vital d’agir sans attendre. Une architecture bien pensée assure la résilience, la conformité et la pérennité des opérations industrielles.
La clef : anticiper, segmenter, protéger, détecter et réagir. Et surtout, ne pas attendre l’incident pour agir.
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