La Loi de Programmation Militaire (LPM) constitue un cadre législatif central pour les politiques de défense et de sécurité en France. Adoptée tous les cinq à sept ans, elle fixe les grandes orientations stratégiques, les moyens financiers et les priorités opérationnelles des forces armées françaises. La dernière version en vigueur, la LPM 2024-2030, intègre des dispositions renforcées en matière de cybersécurité, une priorité nationale face à l'évolution rapide des menaces numériques. Dans cet article, nous explorerons les fondements de la LPM, ses principales dispositions et son impact sur la cybersécurité industrielle, un domaine clé pour les infrastructures critiques et la souveraineté nationale.
La LPM est adoptée par le Parlement et repose sur trois axes stratégiques majeurs :
En matière de cybersécurité, la LPM impose des obligations spécifiques aux Opérateurs d’Importance Vitale (OIV) et aux Opérateurs de Services Essentiels (OSE), comme la mise en œuvre de mesures techniques et organisationnelles robustes.
La LPM 2024-2030 consacre une part significative de son budget à la cybersécurité avec un financement global de près de 413 milliards d’euros pour la période, dont une portion dédiée à la modernisation des capacités numériques. Ce choix stratégique répond à plusieurs constats :
La cybersécurité industrielle est un point névralgique de la LPM. Les environnements OT (Operational Technology) sont de plus en plus ciblés par des attaques visant à perturber la production ou à collecter des données sensibles. Ces menaces représentent un risque pour la continuité des opérations et, in fine, pour la sécurité nationale.
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Les OIV, définis par le Code de la défense, jouent un rôle essentiel dans la mise en œuvre des mesures de sécurité imposées par la LPM. Ces opérateurs, issus de secteurs comme l’énergie, les transports ou la santé, doivent se conformer à des exigences strictes :
En cas de non-conformité, les sanctions prévues par la LPM incluent des amendes significatives, voire la suspension d’activités critiques.
Les infrastructures industrielles reposent sur des systèmes d’automatisation (ICS/SCADA), souvent conçus avant l’émergence des cybermenaces modernes. La LPM impose des contrôles renforcés sur ces systèmes pour prévenir les risques d’intrusion, de sabotage ou de détournement. Les recommandations incluent :
Les chaînes d’approvisionnement sont un autre point faible identifié dans la LPM. Les entreprises travaillant avec des OIV doivent garantir la sécurité de leurs produits et services en intégrant des exigences de cybersécurité dès la conception (security by design).
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La directive NIS2, adoptée par l’Union européenne, complète la LPM en harmonisant les obligations de cybersécurité des opérateurs critiques au sein des États membres. La France, avec sa LPM, est en avance sur plusieurs aspects, notamment la supervision par l’ANSSI. Cependant, la convergence avec la directive européenne renforce l’efficacité des mesures et facilite la coopération transfrontalière en cas d’attaque majeure.
La LPM encourage également les partenariats entre acteurs publics et privés pour développer des solutions innovantes. L’objectif est de renforcer la souveraineté numérique européenne tout en réduisant la dépendance aux technologies non européennes.
La LPM 2024-2030 prévoit des investissements dans des technologies émergentes comme l’intelligence artificielle, le quantique et la cybersécurité prédictive. Ces outils permettent :
Enfin, la LPM met l’accent sur la formation et le recrutement d’experts en cybersécurité. Le manque de compétences constitue un frein majeur à la sécurisation des infrastructures critiques. Des programmes spécifiques, financés par l’État, visent à combler ce déficit.
La mise en œuvre de la LPM 2024-2030 soulève plusieurs défis :
La Loi de Programmation Militaire 2024-2030 marque une avancée significative dans la protection des infrastructures critiques et la cybersécurité industrielle. En imposant des obligations strictes aux OIV et en encourageant l’innovation technologique, elle joue un rôle central dans la sécurisation des intérêts stratégiques de la France.
Pour les entreprises industrielles, cette loi représente à la fois une contrainte et une opportunité. Elle impose une mise à niveau technologique et organisationnelle, tout en offrant des perspectives de collaboration et d’innovation.
En s’inscrivant dans une dynamique européenne, la LPM contribue à bâtir un écosystème résilient face aux cybermenaces modernes. Pour les acteurs du secteur, le respect de ses exigences est un impératif pour assurer la continuité des opérations et garantir la sécurité nationale.
La LPM est une loi définissant les priorités stratégiques et budgétaires des forces armées françaises pour une période de plusieurs années. Elle couvre notamment la cybersécurité des infrastructures critiques.
Les Opérateurs d’Importance Vitale (OIV), les Opérateurs de Services Essentiels (OSE), les sous-traitants industriels et les administrations publiques doivent se conformer aux exigences de la LPM en matière de cybersécurité.
Les entreprises doivent renforcer la protection de leurs systèmes OT/ICS, sécuriser leurs chaînes d’approvisionnement et signaler tout incident cyber majeur aux autorités compétentes, notamment l’ANSSI.
La directive NIS2 harmonise les obligations de cybersécurité à l’échelle européenne. La LPM intègre ces exigences tout en imposant des règles spécifiques à la France, notamment pour les OIV.
Les principaux défis incluent la complexité des systèmes industriels à sécuriser, le coût des mises en conformité, la pénurie d’experts en cybersécurité et l’adaptation aux nouvelles menaces émergentes.